jeudi 3 avril 2014

Celle qui voulait adopter son fils

Comme je le disais plein de choses se sont passées depuis la naissance du fiston et j'en parlerais un peu dans tous les sens selon mon envie du moment, j'aime bien quand c'est un peu fouillis. Aujourd'hui je vous parlerais d'un truc en cours: l'adoption d'Eliot par moi-même.



Devenir son parent légalement c'est enfin possible, pour le bien de l'enfant, pour qu'il ne soit pas arraché à son second parent si le parent biologique venait à avoir un problème quelconque. Alors oui, on le savait en prenant la décision d'avoir un enfant que je ne serais pas reconnue comme son parent par la loi, en soit ça n'enlève rien au lien qui nous uni lui et moi dans la vraie vie (pour moi toute cette paperasse c'est très abstrait), mais ça va quand même faciliter les choses pour la vie de tous les jours. Si jamais il y a un problème grave à régler (aller aux urgences par exemples), faire un voyage sans maman Lulla, ne pas avoir à se justifier sans cesse à l'école ou autres ce sera quand même bien pratique.

Nous nous sommes mariées le 9 novembre 2013 (j'en parlerais plus tard) peu après nous sommes allées au tribunal de Grande Instance de Thonon afin de retirer un dossier d'adoption plénière par le conjoint. La dame qui nous a reçu (une greffière je pense) était très aimable, nous a posé des questions afin d'être sure de nous donner le bon formulaire, puis nous sommes reparties.

Le 10 décembre (le temps de recevoir tous les papiers nécessaires) nous étions chez notre notaire pour faire le consentement: en gros maman Lulla dit qu'elle est d'accord pour que moi, son épouse, j'adopte "son" fils. Elle a deux mois à partir de ce moment là pour se rétracter, on sait jamais des fois que si je fais mal le ménage durant cette période elle me punisse en disant que finalement non, je me suis donc tenue à carreaux!

Pendant ce temps là nous avons rempli le dossier, récupéré les actes de naissances, de mariage, tout compilé et là on a eu un questionnement qu'ont tous les couples de même sexes qui font cette démarche aujourd'hui (bah oui on est des pionniers, on ne sait pas encore bien comment faire): doit-on préciser le moyen de conception de l'enfant pour justifier l'absence de père? Moi j'étais pas chaude car la conception n'a pas à rentrer en considération. Imaginons une femme qui a eu un enfant seule (histoire d'un soir ou insémination peut importe) dont le nouveau compagnon voudrait devenir le père légal: demande-t-on à la femme de justifier l'absence de père biologique? Je ne crois pas puisque n'importe quel homme peut même aller à la mairie reconnaitre un enfant qui n’est pas biologiquement le sien. Par ailleurs lors d'une requête d'adoption on a pas à demander comment l'enfant a été conçu, ce n'est pas la question. Ce n'est pas le procès de la mère biologique mais la constatation d'une réalité familiale. Au final on a mit le contrat avec la clinique dans le dossier.

Le 10 février donc nous avons reçu l'acte notarié pour une adoption plénière, on a prit la voiture direction Thonon pour déposer notre dossier dument rempli. Même greffière, même bienveillance. Elle feuillette notre dossier rangé proprement dans un livret plastifié et tombe sur le contrat avec la clinique en nous disant "mais ça on en a pas besoin nous, je vous le rend?". On l'a laissé dedans, elle nous a dit que le procureur n'en tiendrait pas compte.

Entre temps il y a eu des histoires, d'autres couples qui ont eu des retours affreux de la part des procureurs. "Filiation maternelle frauduleusement établie" qu'il a dit le monsieur! Comment une mère biologique peut-elle avoir une filiation frauduleuse avec son enfant? L'insémination est interdite (et non pas illégale comme on le lit souvent dans les médias puisqu’autorisée aux couples hétérosexuels, c'est une nuance importante) en France pour les couples de même sexe certes, mais pas là où nous nous rendons pour la faire. Revenir enceinte de l'étranger ne constitue pas une fraude non plus ou alors il y a aussi plein d'hétérosexuels qui fraudent lorsque trop vieux ou trop impatiens ils décident eux aussi de franchir les frontières de notre pays afin de concevoir leur enfant, mais eux, ils ne sont pas inquiétés.

Pareil quand on parle de "PMA de confort" pour les couples de femmes, ça me fait sauter au plafond. Combien de femmes hétéros y ont recours à 37/38/39 ans parce qu’elles ont privilégié leur carrière à une vie familiale? C'est pas du confort ça peut-être? Bref je m'emballe mais quand on me sort que la PMA c'est juste pour les couples hétérosexuels stériles et qu'à nous on nous dit "mais trouvez un homme pour une heure et voilà!" sans voir qu'on pourrait dire la même chose à une femme dont le conjoint serait la cause de l'infertilité du couple ça m'énerve. La fidélité chez les couples homosexuels ça existe aussi. On a le droit de ne pas vouloir de l'ingérence d'un tiers dans notre couple puis dans notre vie de famille si tel est notre choix. Nous ne nions pas les hommes pour autant et sommes tellement reconnaissantes que quelque part au Danemark un homme ai donné un peu de lui pour que nous ayons un beau bébé viking. Bref, je ferme cette parenthèse.

Il y a quelques jours nous avons reçu un courrier du procureur, je l'ai ouvert frénétiquement, une gentille lettre qui nous disait juste que nous avions oublié un papier, si on voulait bien le remplir et le renvoyer, merci. Le papier en question c'est sur le nom que portera Eliot après son adoption, il n'en changera pas. C'est moi qui prend leur nom.

Voilà où nous en sommes, on attend.

2 commentaires:

  1. Quel parcours... on ne se rend pas compte quand on a un enfant de manière "traditionnelle".
    Je vous souhaite en tout cas de vite obtenir vos précieux papier et de pouvoir enfin aux yeux de la loi, etre la belle famille unie que vous semblez déjà être ! :)

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour ce recit... Mais je suis curieuse de savoir la suite et fin heureuse j'espere.

    RépondreSupprimer