vendredi 21 mars 2014

Des hauts, des bas, des hauts, débats...

Nous avons vu notre bébé pour la toute première fois le 11 juillet 2012. Un asticot de deux millimètres qui se tortillait dans tous les sens. Pas de cœur encore, ni membres, une crevette quoi. Mais NOTRE crevette.



Bon inutile de vous dire que pour moi le début de grossesse c'était comme être sur un petit nuage, pour Lulla s'était plutôt avoir la tête dans les toilettes...la pauvre était vraiment mal en point, très fatiguée elle dormait sans arrêt quand elle ne souffrait pas de nausées. Heureusement cela a fini par se calmer à la fin du troisième mois.

On a commencé les achats pour le bébé, en vrai on avait même commencé avant qu'il ne soit là. On attendait gentiment une nouvelle écho pour voir et entendre son petit cœur battre, celle-ci à eu lieu fin juillet. L'asticot avait bien grandit! Et ce petit cœur si attendu battait la chamade, comme le mien.

J'avais prévu une petite surprise pour nos familles. Des badges aimantés avec une cigogne portant un bébé qui disait "je serais papi/mamie/tonton/tata en mars 2013" et une petite lettre. J'ai envoyé mes petits paquets à la suite de cette écho. Nos familles se sont réjouis, bien sur. Tout était comme nous l'avions espéré. Nos amis, nos familles, tout le monde heureux, et nous complètement comblées.

Attention, petite parenthèse (ça dure encore ces histoires mais ça ne mérite pas plus que ces quelques lignes)

Ça s'était bien sur sans compter sur les gâcheurs de moments heureux. Non, ne vous inquiétez pas, personne de proche de nous. Juste ces gens à la télévision et à la radio et sur internet qui dès le mois d'août ont commencé à investir l'espace médiatique. Tellement présents que par moments j'avais l'impression qu'ils étaient tous dans mon salon (députés, sénateurs, maires, élus, "spécialistes", effigies en carton et toute la masse qui suivaient ces "chefs de la bonne morale"), qu'ils étaient entrés chez nous avec leurs chaussures crottées sans les essuyer sur le paillasson et qu'ils étaient là à me lancer des regard pleins de reproches et à crier dans mes oreilles que moi-même, ma compagne et notre futur enfant nous ne faisions pas partie de la société. Que nous étions des monstres de faire naître cet enfant sans père. Que c'était un" enfant playmobil" (qu'est ce que les playmobils viennent faire là dedans?  Certes nos enfants jouent avec mais ça ne va pas plus loin!) "terroriste" "sans repères", forcément "déséquilibré" et "asocial" puis qu’élevé par deux femmes qui quand à elles n'étaient que des "monstres d'égoïsmes" "incapables de faire face à la non fécondité de leur relation amoureuse", quand nous étions pas taclées de "pédophilie" et autres joyeusetés...

Ce grondement, ce brouhaha que nous n'entendions pourtant pas dans la vie réelle commençait à s'insinuer en moi comme un poison et j'ai moi aussi ressenti de la haine. Encore aujourd'hui quand je croise un inconnu qui vient parler à mon fils je me demande, et lui? Si il savait est ce qu'il me cracherait à la figure? On en devient paranoïaque.

Je ne vais pas faire un plaidoyer ici (car je me suis "battue" sur les réseaux sociaux avec ces gens pendant des semaines entières, à n'en plus dormir, à recevoir les insultes en pleine face, à tenter de leur faire comprendre... sans succès), je me contenterais de dire: la Belgique, l'Espagne, la Grande Bretagne (car même si jusque là il n'y avait pas le mariage il y avait déjà une union identique, la PMA et l'adoption), les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, la Norvège, le Canada, les États-Unis, l'Afrique du Sud qui sont les premiers à avoir rendu légal le mariage, puis l'adoption pour les couples de même sexe ne sont pas des pays qui se sont effondrés par la suite, les enfants vont bien, merci de vous en être inquiété. Nous n'attendrons pas que vous soyez prêts pour construire nos familles, d'ailleurs on ne vous a jamais attendu. Ces enfants sont là depuis des décennies, ils sont adultes, ils vous ont dit que la seule souffrance pour eux ne venait pas de qui sont leurs parents mais bien du reste du monde. Alors c'est à vous de vous remettre en question et non pas à nous de faire un croix sur nos projets de vies pour vous plaire.

Fin de la parenthèse.

Donc, la grossesse se passe bien et le 17 septembre, au retour de petites vacances dans le sud, nous avons encore rendez-vous avec bébé via la boîte à images. Je me souviens de la scène comme si c'était hier. Lulla est sur la table, le gynéco fait son écho, il est très concentré comme à son habitude, puis il demande si nous voulons savoir le sexe du bébé. Je dois dire qu'il y a eu débat sur la question, je ne voulais pas, elle si et comme c'est elle qui se tape la grossesse ben elle a eu gain de cause. J'étais assise à côté de Lulla, le docteur nous tournait le dos, puis il dit en se retournant "c'est un garçon" en cherchant sur nos visage l'expression de l'émotion que nous inspirait cette nouvelle (ben oui quoi, deux femmes, elles veulent forcément une fille, non?), puis devant nos mines réjouies il répète "c'est un garçon..." mais c'est super monsieur le docteur! Maintenant on sait que les robes c'est non, vive les petits jeans!

Puis un jour, le 14 octobre pour être précise, c'est arrivé. J'ai senti mon fils bouger! J'avais ma joues collée au ventre de Lulla et je lui parlait doucement et BIM! Coup de pied dans ta tête! A partir de ce moment là dès que je lui parlais ou que je touchais le ventre de ma compagne il répondait, nous avions déjà cette relation qui se mettait en place, où la nuit lorsqu'elle dormait je mettait ma main sur son ventre et il m'envoyait des coups, nous étions rien que lui et moi. Regarder son ventre bouger, cette vie à l'intérieur, c'était grisant de la voir s'arrondir au fur et à mesure du temps, la grossesse lui allait bien.

Je ne sais plus quand exactement mais surement vers le cinquième mois nous avons décidé de qui seraient le parrain et la marraine de notre fils. Nous voulions que ce soit un couple, qui aime les enfants, qui ne soit pas éloigné géographiquement et qu'on estime, il fallait que nous ayons autant d'affinités avec l'homme et la femme. Il fallait que nous les aimions et que ce soit réciproque. Il fallait qu'ils soit un peu un complément, qu'ils apportent une vision différente de la vie à notre enfant. Nous les avons choisi car nous les aimons même si nous ne les connaissons pas depuis des années et que nous savons qu'ils s'investiront dans la vie de leur filleul. Nous leur avons demandé là dans, notre salon, si ils acceptaient, ils ont dit oui. J'étais émue.

J'ai choisi le prénom de notre fils. Nous avions une liste restreinte, cinq prénoms de garçons. Ça a été rapide comme décision. L'élimination s'est faite par rapport à la popularité des prénoms en question et surtout le fait que ma préférence personnelle allait très clairement vers ce joli prénom qu'il porte aujourd'hui. Eliot. Et en deuxième prénom c'était tout trouvé, il aurait celui que portent ses deux grands pères.

Sa chambre avançait bien, mon père a repeint mon lit de bébé, qui fut celui de ma mère et de ses sœurs avant moi, un lit chargé d'une histoire familiale, juste comme j'aime. Ce petit lit des années 50/60, repeint en jaune à prit place dans la chambre d'Eliot en décembre, à Noël.

Il ne restait déjà plus que deux moi de grossesse. La grossesse, l'attente d'une naissance, c'est un moment bizarre de flottement. Il y a à la fois une accélération du temps (on a l'impression que ça va vite, qu'on ne profite pas assez de ces moments là) et à la fois une suspension due à l'attente qui semble interminable.

En février la chambre était finie, le trousseau d'Eliot aussi, la valise pour la maternité bouclée, y'avait plus qu'à profiter encore un peu de ce gros ventre bien rond. Elle était belle Lulla. elle l'est tout le temps, mais dans ces moments là plus car rayonnante de cet état, rayonnante de cette envie de le tenir dans ses bras et plus dans son ventre. L'impatience était à son comble.

J'aurais été de tous les rendez-vous gynécologiques et chez la sage-femme, j'en ai pas loupé un! L'avantage de travailler à son compte et donc de pouvoir remettre à plus tard. Ce sont des moments que je n'aurais raté pour rien au monde.

 Puis le 6 mars il y a eu un couac. Elle est tombée malade et avait une forte fièvre. Nous nous sommes rendues à la maternité et ils ont décidé de la garder pour la nuit.


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