jeudi 20 mars 2014

Nouvel épisode (de printemps)

Donc nous voici revenues de Belgique en janvier. Le reste des informations nous sont parvenues par email dont une importante le 16 février 2012: nos quatre petites paillettes étaient arrivées chez eux. Tout devient à chaque étape un peu plus concret, et à ce stade la question que je me pose c'est surtout: et si ça ne marchait pas?


On connait les parcours d'autres couples, hétéros ou homos, et des fois ils sont si longs, si durs. Et si pour nous aussi c'était un vrai chemin de croix? Nous sommes très unies et solides pour autant je sais bien que ce genre d'expérience ça fragilise dans la durée. On verra bien ce qui nous attends.

En mars nous décidons de monter à Paris au moment qui devrait être le bon pour faire un petit coucou à des amis avant de nous diriger vers la Belgique.. Sauf que le petit smiley souriant n'est jamais apparut sur le test d'ovulation... donc nous n'y sommes pas allées.

En avril nous sommes partie en Belgique. En se basant juste sur le nombre de jours du cycle de Lulla. Grosse erreur. Le petit smiley n'est pas venu non plus. Nous avons contacté le centre qui nous a dit de venir faire une injection afin de forcer l'ovulation. Le lendemain a donc eu lieu la première insémination dans un cabinet assez intimiste de la clinique, intimiste mais impersonnel. Lulla était très stressée. En dix minutes nous étions ressorties du cabinet.

 Commençait alors une attente de 14 jours, je vais vous passer les détails et passer directement à ce qui nous intéresse, le matin du 14ème jour... test négatif. Un peu de tristesse. Mais bon ce n'était que le premier essai. alors ce n'est pas grave. Puis on aime Gand alors nous sommes heureuses de devoir y retourner. Nous avions lors de ces 3 jours passés sur place découvert un peu plus la ville, fait des emplettes, découvert des restaurants et flâné dans les rues.

Mais ça c'était sans compter sur un événement qui nous a anéanties quelques jours plus tard. Lulla est revenue de son travail (une très grande entreprise pharmaceutique florissante, dans ce pôle là près de 4500 employés) en me disant qu’aujourd’hui avait été une journée spéciale. Ils les ont enfermé dans une grande salle de conférence, il y avait des gardes du corps partout autour de la scène et leur ont expliqué qu'ils fermaient purement et simplement ce pôle avant la fin de l'année.

Sans emploi. On venait d'acheter un appartement et une voiture et de mettre en route le "projet bébé". Cette entreprise fait des milliards de bénéfices... incompréhension, colère, panique, tristesse... Plusieurs jours de flottement ont suivi cette annonce qui est tombée comme un couperet.

Puis l'espoir et revenu. Ok, ça allait fermer de toutes façons, rien ne ferait changer ça. Mais pour le moment elle n'était pas officiellement licenciée, et si elle tombait enceinte alors ils devraient la payer jusqu'à la fin de son congés maternité, non? Et à 29 ans retrouver du travail quand on est une femme sans enfants, ça semble suspect aux employeurs, non? Donc si cela marchait du premier coup nous aurions encore un an de salaire grâce à la boite pharmaceutique (et l'idée de les embêter me plaisait au plus haut point) plus deux ans de chômage (au pire du pire) par la suite, est ce que ça ne valait pas le coup d'essayer? Ben si.

En juin le petit smiley est enfin apparut. Nous avons sauté dans la voiture, avalé les 800 km qui nous séparait de Gand, posé nos valises dans notre petit hôtel, et dîné dans ce qui était devenu notre cantine fétiche : Amadeus et leur Ribbs illimités, Miam!

Le lendemain nous sommes sorties tôt, il faisait beau (ce qui n'était jamais arrivé avant ce jour) et avons cheminé doucement vers la clinique en nous arrêtant en route chez The Fallen Angels où je n'ai pas pu résisté à acheté un drôle d'objet qui était dans la vitrine: un cadre bombé avec à l'intérieur une petite vierge à l'enfant très kitsch dans des couleurs pastel, le tout datant des années 50. Puis dans le salon de thé Chez Julie's House où on a mangé de délicieux gâteaux.

Puis nous sommes enfin arrivées à la clinique, et nous avons été surprises: le service avait fait peau neuve, il y avait des travaux pour créer un espace dédié aux patientes qui venaient pour les inséminations. Au sol un drôle de lino "herbe" très joyeux et plusieurs cabines intimes avec à l'intérieur un lit et un fauteuil. On nous dit de rester là, on viendra nous chercher, Déshabillez-vous madame  Lulla, enfilez cette blouse et allongez vous là. Cinq minutes plus tard l'infirmière est venue, Lulla allongée sur son lit a été emmenée dans un bloc, je suivais derrière. Au final c'était un peu encore l'inconnu. Puis le docteur devenu familier nous a accueillies avec le sourire et sa bonne humeur. Je me suis tenue à ses côtés, sa main dans la mienne, mes yeux dans ses yeux, avec un grand espoir.

Puis ils nous ont ramenées dans notre cabine, on avait le droit de rester tant que nous voulions. un petit quart d'heure plus tard nous ressortions de la clinique, il faisait bon, le soleil était doux, nous avons marché vers le centre ville et nous nous sommes assises sur un banc. Des coccinelles sont venues, et se sont posées sur Lulla, sur ses cheveux et ses mains...


C'était joli.

Le lendemain nous sommes rentrées à la maison et la vie à reprit son cours dans cette attente. Sauf que je ne suis pas d'un naturel patient. Lulla dès le surlendemain m'a dit "je crois que c'est bon, ça a marché!". J'ai préféré me laisser le doute, la peur de la déception. Neufs jours se sont écoulés et j'ai voulu entrainer ma moitié dans un jeu: tester de façon précoce avec des bandelettes (je vous ait déjà dit que je n'étais pas très patiente?) Et là je prends la bandelette, Lulla me dit "y'a rien, c'est trop tôt"... moi je la vois. Je la vois cette ligne si pâle, si fine, comme un chuchotement qui disait "je suis là". Je la vois!

Le lendemain nouvelle bandelette, la ligne est toujours là. Pareil pour le jour suivant, puis celui d'encore après où là il n'y a plus de doute car on fait le test avec le nombre de semaines... le matin, dans la salle de bain. Assises sur la baignoire. Il s'affiche en deux secondes! Ce mot tant attendu, en toutes lettres "enceinte" suivi de "1-2" (semaines). Les larmes de joies, de surprise aussi, ça y est, il est bien là, notre bébé.

D'autres angoisses, d'autres attentes, d'autres bonheurs (d'autres doutes colères et tristesses aussi) vont commencer, mais dans l'immédiat le plus difficile sera de garder le secret.

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